Australie – Red Center

Australie – Red Center

Plongée dans l’Outback

Découverte de l’Australie authentique et sauvage, d’Adélaide à Alice Spring, au cœur du Red Center. Et c’est à bord d’un Land Cruiser 78, que je rêvais d’essayer depuis bien longtemps, que j’ai pu parcourir 3.200 km de déserts et de terres salées.
Quand on souhaite découvrir l’Australie, il faut soit avoir beaucoup de temps, soit choisir une partie de ce pays et s’y concentrer. J’ai donc mis de côté les côtes paradisiaques de l’Est et les forêts tropicales du Nord pour privilégier le cœur de l’Australie, l’Outback.
Et l’Australie offre un fabuleux jouet pour découvrir les pistes infinies de ses déserts, le Toyota Série 70, motorisé avec son fameux V8 diesel. Equipé en mode campeur, avec toit relevable, et de 2 réservoirs de 90L de gasoil, il offre une autonomie de près d’une semaine. Autant dire qu’il est possible de se lancer dans les profondeurs du désert sans trop d’appréhension. La plupart des pistes techniques nécessitent une autorisation écrite. J’ai donc déposé mon road book prévisionnel en arrivant, et j’ai reçu toutes les autorisations pour sortir des sentiers battus. Sympa les australiens !

En étudiant tous les guides et sites touristiques sur l’Australie, le mois de mars est présenté comme un des pires mois de l’année, apparemment affublé d’une température extrême et de pluies abondantes. J’ai donc choisi le mois de mars ! Et quel bonheur : Pas un touriste à l’horizon, et même les spots les plus connus sont désertés. Effectivement le thermomètre monte à 40 degrés à midi, mais rien d’invivable. Au niveau pluie j’ai cumulé 15 minutes d’averses en 2 semaines …

Le début de ce voyage commence à Adélaïde, jolie ville très cool du sud de l’Australie. Ce sera pour moi une étape rapide, le temps de prendre possession du Toyota, de charger le frigo, et surtout de prendre beaucoup, beaucoup d’eau. A peine une heure plus tard, j’attaque le goudron direction plein Nord, avec en ligne de mire la bourgade de Marree, porte d’entrée du désert, à 800 km.

Ce sera trop long pour une étape d’une journée, j’en profite pour bivouaquer à Farina, une ville fantôme perdue au bout d’une piste de sable, dans laquelle ne subsiste que quelques ruines. Si Farina offre un calme absolu pour un bivouac, elle présente aussi un monument aux morts assez marquant pour un européen. Tous les hommes de Farina ont quitté ce coin perdu de l’Australie pour aller se battre sur le front lors des deux guerres mondiales du XXème siècle, et tous les hommes y ont laissé leur vie. Aurions-nous quitté nos campagnes pour aller se battre au fin fond de l’Australie ?

La mythique Oodnadatta Track

Marree est la porte d’entrée de l’Outback, mais aussi le début d’une piste mythique de l’outback australien, l’Oodnadatta Track, une piste de 800 km qui a servi à la construction d’une ligne de chemin de fer au début du XXè siècle, le Ghan.
Cette piste fait partie des incontournables de l’Outback. Autant la piste ne présente aucune difficulté par temps sec, autant sous la pluie elle peut devenir un véritable enfer. Elle est interdite à toutes les voitures de location, sauf avec autorisation et 4×4. J’y passerai près d’une semaine, enchainant des bivouacs et des randonnées en ne croisant presque personne.

La piste est ponctuée tous les 200 km d’une Road House, sorte de station essence – café – restaurant – épicerie – camping – centre de réparation, tout ça généralement tenu par une ou deux personnes. L’épicerie permet d’y trouver le minimum, mais il faut oublier les produits frais, ces road house n’étant approvisionné que rarement.
La meilleure road house est sans hésitation la Pink Road House de Oodnadatta, dans la partie nord de la piste. Toute de rose vêtue, cette station posée au milieu du désert sert des bières très fraiches et le Famous Oodnadatta Burger, aussi bon que calorique. Idéal pour une pause à midi, la Pink Road House offre une réelle ambiance western.



Et pour rester sur la comparaison avec les déserts américains, l’Oodnadatta Track est un lieu d’exposition permanent d’artistes un peu excentriques. Leurs œuvres monumentales trônent en plein milieu du désert, s’offrant aux rares visiteurs des lieux. La photo près des deux avions plantés dans le sol ou encore à côté du bus-fusée s’impose, malgré la chaleur accablante. Pour me rafraichir, je file vers le lac salé d’Eyre, l’un des nombreux lacs asséchés d’Australie. La blancheur du sel s’étend à perte de vue, donnant l’impression d’un champ de neige à l’infini.


La vie dans le désert

Je ne croiserai que quelques rares personnes chaque jour. Les australiens du désert ne vont pas forcément chercher le contact. Cependant leur discrétion s’accompagne d’une attention à l’égard des autres : Lors d’un bivouac près d’une rivière, j’étais en train de faire du rangement dans le Toyota. J’entends un 4×4 passer non loin de là sur la piste, et s’arrêter à mon niveau. Un peu étonné voir inquiet, je tends l’oreille sans sortir. Finalement le conducteur du 4×4 klaxonne plusieurs fois. Je sors alors, et constate que l’australien voulait simplement savoir si tout allait bien, et reprend immédiatement sa route, après un levé de pouce amical.
Le gouvernement australien a également couvert le désert de relais CB autonomes. Il s’agit de grandes antennes alimentées par des panneaux solaires, qui renvoient l’ensemble des 40 canaux, et garantissent ainsi une portée de 100 km depuis n’importe quel émetteur. Quelle idée géniale !

Pour ma part j’enchaîne des bivouacs dans des paysages idylliques, loin de la civilisation. Certains soir, j’étais à plus de 100 km de toute présence humaine. Evidemment dans ces conditions il faut prendre ses précautions, se méfier des serpents, araignées et autres amis du même genre. Cependant, je ne serai que très peu gêné par ces bestioles. Les mouches sont envahissantes du matin au soir, mais disparaissent comme par enchantement vers 20h, dès que le soleil se prépare à se coucher. La température passe alors à 28 degrés, et le ciel offre chaque nuit sa couverture d’étoiles, grâce à toute absence de pollution lumineuse et atmosphérique.

Le Red Center

Je quitte avec regrets l’Oodnadatta, pour rejoindre le Red Center, la zone la plus chaude d’Australie, juste au sud d’Alice Spring. Le nom de ce territoire aborigène provient surement de sa température, mais également de son sol constitué de sable rouge vif.
Le Red Center est notamment connu pour Uluru, son fameux monolithe de 3,5 km de long, représenté sur la plupart des guides d’Australie. Et Uluru, c’est surtout devenu une machine à cash pour la communauté aborigène qui en est propriétaire. Impossible de bivouaquer dans le coin, tout est privé. Les gestionnaires du site ont construit hôtels, restaurant set campings serrés, et surtout un aéroport garantissant un flux ininterrompu de touristes.

Impossible pour moi de me retrouver dans une telle concentration d’humains ! Grâce à l’appli WikiCamps, indispensable dans ces contrées, je trouve une dune accessible en 4×4 sur laquelle je viens poser mon Toy, avec une vue imprenable et unique sur le fameux rocher rouge. Lever et coucher de soleil garantis, face à cette icône du tourisme australien, mais sans la cohue habituelle. Merci le Toy d’avoir réussi à monter sur cette dune !

Je ferai quand même la randonnée de 10km qui fait le tour du rocher, qu’il faut attaquer à la fraîche car dès 9h30, l’accès au site est fermé à cause de la température. Encore une fois merci aux guides qui déconseillent le mois de mars, j’ai pu profiter du site en ne croisant qu’une dizaine de personne. Par comparaison, en juillet-août, ce sont des milliers de visiteurs qui s’y entassent.

Après Uluru, le passage obligé est Kings Canyon, un autre must, également au sein d’une zone aborigène. Pas d’aéroport en vue, mais tout est payant. Cependant, à quelques kilomètres au nord du site, une aire de repos posée sur une falaise autorise le bivouac, tant qu’il est limité à une nuit. Arrivé dans l’après-midi, j’installe le Toyota tout près de la falaise, je sors l’auvent XXL et je profite de la vue magnifique, dans une ambiance Le Roi Lion. A défaut de voir une faune abondante, ce spot offre une vue imprenable sur Kings Canyon, mais également sur le passage des Road Train, ces camions suivis de 3 remorques qui filent à plus de 100km/h sur les gravel road.

Finke River

A quelques 200 km d’Adélaide, je décide d’attaquer la Finke River. Il s’agit d’une piste très technique, totalement interdite à tous les véhicules de location, y compris le mien. Le loueur m’avait bien précisé qu’il m’était interdit d’y aller, bien stabiloté sur le contrat de location.

A l’entrée de la piste, un panneau indique qu’elle est réservée aux conducteurs expérimentés, aux 4×4 « high clearance », et déconseillée aux véhicules seuls. Par contre cette piste est reconnue dans toute l’Australie, et d’après les guides spécialisés, elle offre l’un des plus beaux bivouacs du continent. Je n’hésite pas bien longtemps… Je vérifie mon téléphone satellite, et j’attaque.

Et effectivement, c’est technique. Cependant le couple du V8 4.5L du Toyota est impressionnant. Même dans le sable mou, le moteur repart dès 1.200 tours, ça en est déconcertant. Je ne sais pas si je suis un conducteur expérimenté, par contre le Série 70 est un 4×4 expérimenté !

Histoire de ne pas changer mes habitudes, je me plante lamentablement dans le sable à l’occasion d’un excès de confiance. Une heure à pelleter sous 40 degrés, un peu de dégonflage des pneus et le Toyota repars sans aucune difficulté. Ma fierté en prend un coup. Certains passages dans de gros rochers font faire de beaux croisements de ponts au 4×4. Son gabarit réduit lui permet de passer partout. Je regrette cependant l’absence de blocage, qui dans certains endroits m’auraient bien aidé. Etant seul je dois constamment aller sonder la piste à pied avant d’attaquer les passages les plus techniques.

Et après l’effort, le réconfort, j’atteints enfin le fameux bivouac. Il s’agit d’un espace ombragé surplombant une rivière, au cœur d’un défilé de roche rouge, avec l’impression d’être à des années lumières de la civilisation. Je passe la soirée bien protégé par un vent de face, à admirer les émeus et les kangourou venus se désaltérer dans la rivière, éclairé par un ciel étoilé digne d’un film américain.
Au matin, je suis réveillé par un troupeau d’émeus qui vient découvrir mon bivouac, pas vraiment inquiet de ma présence. Je prends mon petit-déjeuner en leur présence, profitant de chaque instant pour découvrir cette espèce aux faux airs d’autruches.

Retour à la civilisation

Alice Springs annonce la fin de l’aventure. Il me faudra plus de 6 heures pour rendre le Toyota présentable et le ramener chez le loueur. Il aura été un compagnon de route fabuleux, offrant un confort digne d’une cellule, sans son poids et son encombrement. Sa cuisine extérieure, montée sur rails, est idéale pour ces contrées chaudes, mais n’est pas adaptée à des raids dans des régions plus froides.
Je rends les clés du 70 avec tristesse, et comme à chaque raid, je profite du vol retour pour préparer le prochain !

Quand partir

Le mois idéal pour découvrir l’Outback est le mois d’avril. Cependant les journées sont déjà un peu moins longues, et les mouches peuvent être très envahissantes. Le mois de mars est un excellent compromis.

Rythme

Sur les gravels road, le Toyota permet de croiser à 110 – 120 km/h sans trop de difficulté. Il est donc possible de faire de grandes distances sans passer sa journée dans la voiture. Pour ma part, je me limitais à 3 heures de conduite par jour, afin de garder du temps pour les randonnées et les bivouacs.

Budget

Compter environ 120 dollars par jour pour un Toyota 78 tout équipé. La consommation se situe entre 15 et 20 litres aux cents, en fonction du terrain et du rythme. Le diesel est d’un prix comparable à la France. Pour le reste, tous les bivouacs sont gratuits, il est possible de s’arrêter presque n’importe où. Les zones où le bivouac est interdit sont bien délimitées.

Matériel

Le Toyota n’est loué qu’avec une pelle et une sangle. En dehors de franchissement extrême, et grâce aux capacités impressionnantes du 78, la pelle suffit amplement. Cependant un compresseur 12V est conseillé, car les lieux pour regonfler ses pneus sont très rares.
Un « beacon » est fourni avec le 4×4. Il s’agit d’un boitier GPS que l’on peut porter à la ceinture. En cas de problème grave, il suffit de tirer sur un câble métallique, et le boitier envoie un signal d’urgence aux autorités. Attention à ne pas « essayer pour voir », l’amende peut être salée. J’ai porté ce boitier sur moi pendant tout le raid, sa présence est très rassurante.
Le téléphone satellite est cependant très conseillé. Il est possible d’en louer un pour 10 dollars par jour.

Le Toyota

Le 78 est équipé en mode campeur, c’est-à-dire avec toit relevable, cuisine extérieure sur rail, réservoir d’eau dans l’aile gauche de 50 litres, 2 bouteilles de gaz, frigo Engel, aménagement complet, schnorkel d’origine, blindage, et pneus AT. Parfait pour une personne, impeccable pour deux, il est aussi possible de partir avec un enfant, le Toy disposant de 3 places à l’avant.
Le loueur le plus connu est Apollo (www.apollocamper.com), mais de nombreux loueurs proposent ce Toyota aménagé.

Questions/Remarques
Philippe : info@voyageshorspistes.com